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#109:safran, tda(h) & bullshit

Dernière mise à jour : 21 nov.


Lire à un enfant lecteur






Hyper résumé pour celles qui n’ont pas le courage de lire :

Sébastien Henrard, référence en termes de TDA(H), conclut cette vidéo en conseillant de ne pas remplacer une prise en charge médicamenteuse par les gommettes au safran vantées par les publicités des réseaux sociaux et appelle à la prudence, regard scientifique à l’appui.


 


Mes biens chers confrères (-sœurs et non binaires) les instits, je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais durant tout cet été pourri — au niveau météo s'entend —, j’ai été assailli par deux marques dont je tairai les noms et qui vantaient sur les réseaux sociaux (et y en vantent toujours) les bienfaits de gommes au safran.


« Mais, que diantre as-tu donc contre le safran ? », me demanderez-vous ?


Contre l’épice, rien, je l’adore. Toutefois, lorsque ce dernier m’a été présenté comme alternative naturelle aux traitements du TDA(H) via un produit commercial en vente libre, mon sang n’a fait qu’un tour (en effet, il était trop fainéant pour en faire deux). Et surtout, mon alerte au bullshit* s’est déclenchée instantanément.


En toutes lettres, on pouvait lire sur ces publicités que ce produit naturel pouvait remplacer avantageusement le traitement du TDA(H) (traduisez par la Rilatine).


Ma première envie fut de leur répondre par le biais d’un commentaire bien senti, parfumé au langage fleuri des jurons du capitaine Haddock**. Toutefois, en bon sceptique, j’ai suspendu mon jugement jusqu’à avoir collecté de plus amples informations via des sources de référence.


Pourtant, grâce à de nombreux indices, je sentais le produit douteux à plein nez :


  • campagne très agressive, avec jusqu’à cinq publications sponsorisées à la suite ;


  • marketing bas de gamme (soldes sur le produit, pseudoéchanges de messagerie vantant ses qualités, 20% de remise avant telle date, etc.) ;


  • changement de sémantique au fil du temps : le produit est passé de « alternative naturelle au traitement » à « complément alimentaire contribuant… » ;


  • usage des termes « scientifiquement prouvé », « une étude a démontré que… », etc., termes qui, si on y pense deux secondes, ne sont jamais utilisés par les vrais médicaments (ça y est, les deux secondes sont passées) ;


  • usage des termes teintés new-age : « safranothérapie », « cure », « zen », etc. et charte graphique orientée Wellness ;


  • sophisme de l’appel à la nature : ben oui, ma bonne dame, si c’est naturel, c'est forcément sain, sans danger et sans effets secondaires (« Ouais-ouais, c’est ça : vas-y, mange un peu de l'amanite phalloïde ou de la digitale pourpre, pour voir… »)


Bon, il faut bien admettre que le faisceau d’indices accumulés allait en mon sens (à savoir : « Mais Saint-Djeu ! On ne remplace pas une prescription médicale par un produit découvert sur Facebook, bande de boyards ! ». Mais, à ce stade, n’ayant toujours aucune information de référence à leur opposer, je restais aussi coi que possible, gardant ces paroles par devers moi, ainsi que je réfrénais mon envie d'imiter Fabrizio le Carolo.


Que l’on soit, cher lecteur, (-trice, non binaires et tutti quanti), tout à fait d’accord sur ce point : chacun a encore bien le droit de croire en ce qu’il veut, même si c’est trouvé sur Facebook, et je n’ai rien à y redire. Mais faire de la publicité à outrance sur un sujet qui touche des parents et des enfants en souffrance, moi, ça me fait bouillir le sang, aussi sceptique soit-il.


Bref, mon sang bouillait donc, jusqu’à ce que je voie passer récemment un article de Sébastien Henrard, neuropsychologue spécialisé dans le TDA(H) et avec qui j’ai eu la chance de collaborer très brièvement quand je travaillais en intégration.


Article tombant telle la manne divine et renvoyant vers une vidéo dans laquelle ce dernier évoque les faiblesses des études invoquées dans lesdites publicités (biais, conflits d’intérêts, sous-échantillonnages, échantillons non randomisés, etc.) Il n'y nie pourtant pas un possible intérêt du safran dans le cadre du TDA(H), mais appelle, cependant, tant à la patience (d’attendre des études non biaisées) qu’à la prudence (de ne pas remplacer un traitement prescrit par ces produits)..


Bref, cet vidéo était (en mieux et en moins passionné), le travail que je n’avais pas le temps de faire, servi tout chaud sur un plateau d’argent. Sébastien Henrard étant réputé pour baser son travail sur les études scientifiques (et également pour citer ses sources), je vous la partage donc en vous souhaitant d’y trouver chers amis, -es, non binaires, tutti quanti et basta cosi, un moment très enrichissant.


 

* Bullshit : dans ce sens, synonyme de mensonge, désinformation, fake-news.

** En vrai, ne faites jamais ça avec une publication mensongère ou trompeuse sur un réseau social : un commentaire, même contradictoire fera remonter la publication. Aussi, un emoji, même négatif ( 😡 ) est une action sur la publication qui a le même effet.



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